Tunisie: vaste projet contre la pollution d'un site chimique
3 juillet 2017. Le gouvernement tunisien s'est engagé à mettre en œuvre un vaste programme pour résoudre les problèmes de pollution engendrés de longue date par un complexe chimique à Gabès (sud), a-t-on appris lundi auprès des autorités locales.
Le Groupe chimique tunisien (GCT, public) est installé depuis les années 1970 à Gabès, où la transformation du phosphate --une ressource naturelle servant notamment à la fabrication d'engrais-- donne lieu au déversement en mer de grandes quantités de phosphogyse, une boue nuisible à l'environnement.
Après la révolution de 2011 qui a mis fin à la dictature, des voix se sont élevées pour dénoncer cette pollution.
Les protestations ont récemment gagné en vigueur dans le cadre d'une campagne citoyenne "Stop pollution", marquée par des manifestations et un ultimatum pour un arrêt des rejets au 30 juin.
Le Premier ministre Youssef Chahed a signé vendredi un programme visant "à démanteler progressivement les six unités de production" existantes et à les remplacer "par une nouvelle zone industrielle conforme aux standards internationaux" en matière d'environnement, a affirmé lundi à l'AFP le gouverneur de Gabès, Mongi Thameur, confirmant des informations de presse.
Ce projet, d'un montant "record" de 3,2 milliards de dinars (1,1 milliard d'euros) et qui bénéficiera d'une aide internationale, prévoit le remplacement de deux unités de production à un rythme biannuel, ce qui "permettra une réduction progressive des rejets en mer", a-t-il avancé.
Plusieurs manifestations avaient eu lieu en fin de semaine dernière afin de mettre la pression sur les autorités.
"Le citoyen de Gabès a droit à une vie saine. On souffre depuis une cinquantaine d'années. Ça suffit, on ne fera pas marche arrière cette fois", avait dit jeudi dernier à l'AFP Rhaïem, un membre de la campagne "Stop pollution".
Réputé être une frayère de la Méditerranée, le golfe de Gabès est fortement pollué depuis des décennies en raison de ces activités d'extraction et de transformation des phosphates, une industrie cruciale pour l'économie de la Tunisie.
Les habitants de cette agglomération de 150.000 âmes sont eux-mêmes menacés par cette pollution en mer qui a également un impact sur la qualité de l'air et des sols et sous-sols.
Cette pollution environnementale est notamment responsable, selon des experts, de cas de cancer et de maladies chroniques, comme l'asthme.